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Réflexion sur les Cotations

Voici, un peu en vrac, quelques unes de mes réflexions sur la cotation des
difficultés techniques :

1. Il existe une grande disparité de compétences
techniques
, entre des débutants peu hardis (voire certains crosseux
qui mettent pied à terre devant le moindre obstacle) et les extraterrestres que
l’on voit sur la toile.
Une échelle à seulement 6 niveaux (en comptant le T5+ maintenant) ne peut pas
mesurer les difficultés avec une précision suffisante pour tout le monde.
Comme en escalade, où le développement de la pratique sportive avait rendu
nécessaire l’ouverture des cotations, on aurait certainement besoin de degrés
supérieurs.

2. Je précise. Pour n’importe quel pratiquant, les variations de
difficulté sont surtout ressenties dans la zone qui entoure son niveau maximal
personnel
.
Pour faire un parallèle avec l’escalade, un vieux grimpeur de ma génération me
disait un jour:

« Le 6a c’est facile, le 6b ça va, le 6c c’est dur.»

Cela vaut pour un grimpeur de 6ème degré. Un grimpeur plus fort ne verra
guère de différences entre 6a et 6c, et un plus faible trouvera que 6a, b ou c,
c’est tout simplement impossible pour lui.
J’ai l’impression de vivre en ce moment, en VTT, la même chose qu’en escalade,
dans ma jeunesse, juste avant l’ouverture, et la précision de l’échelle des
difficultés: une grande confusion, avec des niveaux fourre-tout, un manque
criant d’homogénéité, et des topos qui n’informent plus de manière fiable et
utile.

Personnellement, j’aurais tendance à coter T3 ou moins quand ça me paraît
facile, T4 quand je dois me concentrer, T5 quand ça devient hasardeux pour moi,
ou même vraiment trop difficile, mais que je vois encore ce qu’il faudrait
faire (et que mon fils Adrien est passé sans problème), T5+ quand j’ai vraiment
du mal à imaginer y parvenir un jour (et qu’Adrien a trouvé le passage tendu
ou… ne passe plus).

Revenons à la comparaison avec un grimpeur de 6, moi-même en l’occurrence:
je perçois la même différence entre T3 et T5 qu’entre 6a et 6c. Mais, en
escalade, on cote jusqu’à 9, avec des subdivisions a, b, c pour chaque chiffre,
et même éventuellement des + (par exemple 4b+).

Je pense que, chez VTTour, on ne s’en sort pas mal malgré tout, parce que
beaucoup de membres, pratiquants réguliers de VDM, ont des compétences
comparables (T4 en général, me semble-t-il).
En conséquence, les cotations sont fiables dans le domaine « sensible »,
autour de T4. Mais il suffit de rouler avec des gens plus faibles pour se
rendre compte que les sentiers T3 par exemple ont des difficultés très
variables. De plus, il est évident que notre échelle n’est pas adaptée à la
cotation des difficultés « extrêmes ».

3. Les définitions « officielles » de chaque niveau me paraissent
peu adaptées (par exemple le critère de largeur, placé en premier, est en
réalité peu déterminant), et surtout peu utilisables en pratique. Je
proposerais de définir plutôt les degrés par rapport aux compétences
généralement rencontrées chez les pratiquants:

  • T1 : Tout le monde sait faire du vélo… au moins à ce niveau-là.
  • T2 : C’est généralement le niveau des initiés, ou des débutants
    doués.
  • T3 : C’est le niveau de la grande majorité des pratiquants réguliers.
    Sur le grand parcours de n’importe quelle randonnée organisée, on voit surtout
    des vététistes de ce niveau. A partir de T3+, beaucoup mettent pied à terre. A
    T4, il n’y a quasiment plus personne sur le vélo.
  • T4 : C’est le niveau de beaucoup de vététistes qui n’aiment pas poser
    le pied et apprécient l’engagement. Et de la majorité des pratiquants réguliers
    de VDM.
  • T5, T5+ : Pour l’instant, c’est tout ce qui est plus dur que T4, ce
    qui ne donne guère d’information.
  • NR : Quand je vois certaines vidéos sur la toile (ou même Adrien qui
    « libère » des passages cotés ainsi), je ne peux m’empêcher de faire
    le rapprochement avec les voies d’ « artif » gravies en libre au
    moment de l’explosion de l’escalade sportive. Avec des copains de l’époque,
    nous nous prenions vite pour des champions, pour avoir libéré des passages
    cotés maintenant dans le 6, alors que les forts grimpeurs n’étaient déjà pas
    loin du 8ème degré. L’ouverture des cotations a ensuite remis les pendules à
    l’heure.

4. Je fais remarquer que, en escalade, avant l’ouverture des cotations, la
nécessité de « caser » les voies de difficulté élevée avait mis le b…
dans les niveaux inférieurs. Il y avait des niveaux fourre-tout, avec des
cotations floues du type IV/IV+ (certains sont devenus 4b ou 4c, alors que
d’autres sont passés à 5c ou même 6a) ou V/V+ (devenus parfois 6b ou
6c).

Je me suis quelquefois surpris à me laisser aller à ce genre de perversion,
en cotant T3/T3+ ou T4/T4+ par exemple.

5. Je suis conscient que le parallèle que j’ai fait entre le VTT et
l’escalade, a ses limites. En particulier, il ne me semble ni souhaitable, ni
vraiment faisable d’ailleurs, d’introduire pour le vélo la précision extrême,
qui semble utile aux grimpeurs pour évaluer leurs performances.
Les performances en pilotage étant encore davantage liées à l’habileté, la
réussite est plus aléatoire.

De plus, le facteur exposition, même s’il est en principe
pris en compte dans une cotation séparée, va nécessairement influencer
la perception de la difficulté
.
En VTT, il n’y a pas de corde, c’est toujours du solo intégral, toutes
proportions gardées; en escalade sportive, de façon générale, plus c’est dur,
moins il y a de risques, car c’est plus déversant.

6. En ce qui concerne ma pratique personnelle, les dysfonctionnements du
système actuel sont :

  • Je ne sais jamais si, sans risquer le divorce, je peux emmener ma femme sur
    un sentier T3, voire T2
  • Quand c’est T5, je ne sais jamais à quoi m’attendre.